Il y a une semaine, jour-pour-jour, heure-pour-heure, j’étais sur la table d’opération.
Lundi passé le 1er avril, on s’est levé vraiment tôt; 4h pour l’homme, 4h30 pour moi. 5h20, on étais sur la route. J’avais déjà le feeling qu’on arriveraient trop tôt, mais pour une journée importante comme celle-là aussi bien partir tôt qu’arriver trop tard.
Et voilà, aucun trafic, on est arrivés à l’hôpital à 7h20 environ. Au début je croyais qu’on aurais simplement pu aller se promener un peu, mais l’homme voulait tout suite aller faire mon admission. Bon. Évidemment quand on rentre dans un hôpital pour une opération on entre dans l’engrenage est c’est plutôt difficile d’y échapper.
Admission à l’hôpital – Prise de sang – Autre formulaire d’admission et paperasse à remplir.
Des questions sur mon état de santé…
Des questions sur mes habitudes…
Prise de poids: 218.
L’attente… parce qu’évidemment on est trop tôt.
Bon c’est officiel avec la diète liquide j’ai perdu 10 lbs. Seulement avec ce 10 lbs de moins, mon mal de hanches est quand même presque disparu au complet. Je crois que physiquement mon corps est incapable de supporter plus que 230 lbs.
Ensuite…
Une infirmière vient me chercher, et m’amène en “lit d’hôpital” jusqu’à la “zone stérile” et me park dans le couloir. J’aurais aimé avoir mes lunettes à ce moment là pour pouvoir observer tout ce fourmillement autour de moi. La salle de réveil, je crois, se retrouve à ma gauche. Au bout du couloir une porte coulissante qui donne sur ce qui semble être réellement le coeur de l’hôpital. L’endroit que personne ne voit et que souvent, personne ne se souvient… c’est follement intriguant. Je voudrais pouvoir visiter cet envers du décors, qu’on m’explique à quoi sers telle ou telle machine… mais c’est moi la patiente, et je ne suis pas là pour faire une visite guidée.
L’anesthésiste vient me voir. OH! Ce n’est pas Mme Versace et celle-là, je la feel bien. Elle est douce et souriante. Et elle porte un bonnet fuchsia.
Ensuite le tour de Dr Demyttenaere. Il a un autre médecin qui l’accompagne. Il est doux et chaleureux. J’aurais pas pu avoir mieux comme chirurgien. Il m’a même donné une petite tape amicale sur l’épaule en signe de “ca va bien aller”…
Une infirmière, je crois, vient finalement me chercher. Et puisque je peux me déplacer par moi-même sans difficultés, elle m’invite à la suivre vers la salle d’opération. On entre dans le coeur de la fourmilière. On tourne à droite et on passe à coté de pleins d’étagères remplies de produits divers. La salle d’opération se trouve tout au bout. C’est blanc. C’est froid. C’est grand. C’est haut. Pleins de gens se préparent. Au dessus de la table, une lumière un peu comme celle du dentiste, mais beaucoup plus grande. Comme dans les films.
On me demande de m’asseoir sur la table et l’infirmière détache la jaquette d’hôpital. Je me couche sur la table. Quelqu’un installe des couvertures chaudes sur moi pour préserver mon intimité et pour éviter que j’ai froid. L’inhalothérapeute est super gentil. Il ne doit pas être tellement plus âgé que moi. Sa peau noire donne l’impression que ses dents sont ultra-blanches quand il me parle. Il m’explique tout ce qu’ils font sur moi. On m’installe des genre de bas support gonflables, on m’attache le bassin. On me colle des électrodes sur la poitrine et les côtes. L’anesthésiste prépare mon catheter par lequel je vais recevoir mon soluté, mais aussi la dose de produit anesthésiant. Il me colle des électrodes sur la tête. Tout est presque prêt. L’anesthésiste est amusée que je soit autant curieuse de ce qui se passe autour. Elle est également surprise que je sois autant détendue. Non je n’avais pas peur. J’étais prête. Plus excitée que stressée. On m’attache finalement les bras en m’expliquant que c’est pour me retenir si jamais je me réveillais pendant la procédure. Il met un masque sur mon visage. Il me dit de me concentrer sur ma respiration. C’est rassurant, c’est la méthode que j’utilise pour m’endormir en temps normal. Inspire-expire. Inspire-expire. Inspire…
Je crois que je suis en train de rêver. J’entends mon nom au lointain. C’est comme être dans le fond d’un lac. Ou il n’y a que les ténèbres. Et tranquillement je remonte vers la surface du lac. J’entends mon nom de plus en plus clairement. Ça y est. Je suis revenue dans ma tête. Je bouge les doigts. La tête. J’essaie d’ouvrir les yeux, mais c’est flou, trop flou. Je ne comprends pas pourquoi. La lumière est trop forte. Ca tourne. Je garde les yeux fermés. On me demande de rester éveillée. C’est difficile de parler. Je sens quelqu’un qui me glisse une manette qui contrôle la morphine. J’ai le droit à une dose toute les 7 minutes. J’ai mal dans le dos. J’ai mal. Ca tourne. Je somnole. Je sens qu’on me déplace. On m’amène dans l’ascenseur. Je me réveille dans ma chambre. La 45. 445.
Je me rendors. Je me réveille. L’homme arrive avec un bouquet de fleurs qui ne fane pas. Je lui dit qu’il est drôle. Il dit que j’ai de la crème dans les yeux. HA. Voilà pourquoi je vois tout embrouillé… Il quitte et je me rendors. Je me réveille un peu plus tard et réalise que ce qui me fait tourner la tête c’est la morphine. La douleur est tolérable. On m’amène du Tylenol liquide, mais je n’arrive même pas à le boire. C’est trop sucré. C’est horrible. Je mange des petits glaçons. Finalement je reçois le Tylenol en suppositoire. Ma coloc de chambre est weird. J’ai compris plus tard qu’en fait elle n’étais pas weird, elle doit être autiste ou avoir une légère déficience mentale. Qu’elle a besoin d’une routine très stricte et qu’elle a même pratiqué chez elle. Je comprends maintenant les difficulté d’adaptation, son focus sur la douleur, ses multiples questions répétitives au personnel… et qu’une intervenante vienne passer du temps avec elle. Je lui envoie une pensée aujourd’hui, je lui souhaite que tout aille pour le mieux, même si je ne lui ai jamais directement adressé la parole. Au moins je n’ai pas été une coloc trop fatigante. haha
On m’amène mon plateau repas. Je bois quelques gorgées de bouillons, mais c’est tellement difficile de savoir ou est la limite. Plus les heures passent plus la douleur est tolérable. Le reste c’est de la routine de chambre d’hôpital… les prises des signes vitaux, marcher souvent…
Le lendemain, j’ai revu le médecin qui accompagnait Dr Demyttenaere et il m’a donné mon congé. Un ami est venu me chercher. Mon amie Pharmacienne avait eut le temps de me préparer ma prescription que j’ai été chercher en arrivant à Tremblant. À la maison, la douleur est revenue. Des gazs. Désagréables. Après une nuit de sommeil, assomée avec les petites pilules vertes, ça a passé. J’en ai pas repris depuis.
Si une naissance est douloureuse, la renaissance l’est autant.
Mais I’m strong, I’m Stronger.
Merci Dr Demyttenaere et tout ce personnel tout simplement formidable de l’hôpital Lachine.